Sénégal : L’aquaculture change le quotidien de Fatou

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L’élevage des poissons a fini de poser ses baluchons à Nguékhokh non loin de Mbour grâce à Fatou Kiné GNING. Première à se lancer dans l’aquaculture, Fatou a, en six mois de pratique, engrangé plus d’un million de F cfa. Son ambition est aujourd’hui de réaliser d’autres bassins pour satisfaire ses clients de plus en plus nombreux.

« Il n’y a pas une activité aussi rémunératrice que l’aquaculture. En six mois d’activités, je suis devenue avec mon groupe millionnaire », dit Fatou Kiné Gning tout sourire.

Mi-décembre à Guékhokh, à une dizaine de kilomètres de la commune de Mbour, Fatou Kiné, presse le pas pour regagner le Centre d’appui au développement local de Sindia où elle élève des alevins depuis avril dernier. Drapée d’une robe en pagne de couleur rouge bordeaux, Fatou, la quarantaine révolue, demande à son assistant de préparer la nourriture des poissons.

Dans ce centre, un grand espace est aménagé. A l’intérieur, deux grands bassins d’une superficie de 220 m2 et un château d’eau de plus de 5 mètres de haut attire l’attention des passants.

fatou-epandage3500 alevins pour empoissonner les deux bassins

A l’ombre d’arbre, Fatou supervise son assistant Ameth Touré qui s’affaire autour de la pesée de l’aliment. Juste à côté, dans les étangs, les poissons agitent l’eau verdâtre. La pesée finie, Fatou prend le relai. Calebasse à la main, elle se dirige vers les bassins pour ‘’servir’’ ces animaux d’eau douce. « Ces vertébrés consomment chaque jour plus de trois kilos de farine de poissons », renseigne-t-elle sous le regard attentif de Ameth.

Pourtant rien ne prédestinait à cette femme qui s’activait dans le petit commerce à se frayer un chemin dans l’aquaculture jusqu’à faire travailler une dizaine de femmes. En effet, Fatou Kiné a piqué le virus à l’occasion d’une visite en 2015 à Saint Louis où on élève des poissons. « J’étais émerveillée ! C’est là que j’ai muri mon projet de développer cette activité à Nguékhokh », se rappelle-t-elle.

C’est ainsi qu’elle a acquis un espace au Centre d’Appui au développement de Sindia où l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA) y a construit deux bassins en 2015.  Mais ces activités ont véritablement commencé en avril dernier où ces deux bassins ont reçu plus de 3500 alevins d’Oréochromis niloticus ou tilapia de 3 g.

Une tonne de poissons en sept mois

Ces dernières années, le Sénégal s’est lancé dans la politique de développement de l’aquaculture. Des écloseries, des infrastructures de pré-grossissement et de grossissement de poissons ont été mises en place un peu partout. Cela a eu des effets, selon Amadou Aïdara, technicien de l’ANA à Nguékhokh. « La production nationale aquacole est passée d’environ 40 tonnes en 2012, à 1 500 tonnes en 2015 », indique Amadou qui soutient que des promotrices comme Fatou y ont apporté leur contribution. C’est en ce sens que M. Aïdara salue l’innovation et l’esprit d’entreprenariat de cette dame. « Au moment où aucune femme n’osait s’y aventurer, elle a arrêté son petit commerce pour se lancer dans l’aquaculture. Elle a accepté d’être formée sur le système d’élevage, la gestion, le suivi des alevins et autres. En retour, elle a formé une dizaine de femmes qui travaillent aujourd’hui avec elle », témoigne le technicien. Le technicien poursuit : « est grâce à elle que des femmes exercent l’aquaculture à Joal, Sindia, Ngaparou et Toubab Dialao ».

Parmi les femmes que Fatou a formé, Oulimata Sakho ne tarie pas d’éloge : « Fatou est débordante d’énergie. Elle est la première sur les lieux et la dernière à quitter la ferme aquacole. Elle n’hésite pas à descendre jusqu’au fond des bassins pour mieux constater l’évolution des poissons ».

D’ailleurs, ces deux bassins empoissonnés d’alevins en avril ont atteint 300 g en fin novembre. Fatou et ses collègues ont effectué leur première vente. « Je cède le kilo à 1500 FCFA. J’ai écoulé plus d’une tonne de poissons et engrangé plus d’un million de FCFA », indique avec satisfaction Fatou.

Aujourd’hui plus que convaincue de la rentabilité de son activité, Fatou projette de construire de nouveaux étangs pour honorer ses commandes croissantes.

Ababacar Guèye

 

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