Mbour : La vie quotidienne des poissonniers du site de Mballing

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Mballing est un village dans la périphérie de la commune urbaine de Mbour (Sénégal) où se trouve un site de transformation des produits halieutiques. Ici, chaque matin, des femmes transformatrices des poissons observent la mer et ses vagues, les barques et ses mouvements. Elles viennent à la recherche des produits de mer pour la consommation ou la transformation.   

Assise sur une caisse vide, Seynabou Seck, la cinquantaine, écaille du poisson. Tenant un couteau dans sa main droite et un poisson dans la main gauche, elle enlève les écailles devant deux tas : poissons non écaillés et ceux écaillés. Dans une odeur nauséabonde, Séynabou travaille entre des bassins contenant un liquide sale et fade. Aux alentours, plusieurs séchoirs avec des piquets sont installés pour exposer les produits à l’air libre et au soleil.

Elle transforme de produits halieutiques à Mballing. Par jour, Séynabou peut écailler 3 à 5 caisses de poisons. Et pour chaque caisse, elle est payée à 350 FCFA. « Ce n’est pas facile, mais c’est ce qui me permet de gagner ma vie », confie-t-elle.

Comme Seynabou Seck, Mme Coumba Ndiaye est fumeuse du poisson sur le même site. Agée de 48 ans et mère de 5 enfants, Mme Ndiaye pratique ce travail depuis son enfance. « Dans notre famille, la transformation du poisson remonte à nos grands-parents. Moi j’ai trouvé que ma grand-mère et ma mère le faisaient. Je le fais par passion et toute ma famille le fait aussi», raconte-t-elle.

Alors que tous ses enfants vont à l’école, Dame Coumba mène un combat pour que ses héritiers ne fassent pas cette activité qu’elle trouve « dure ». Selon elle, le poisson se fait de plus en plus rare, les travailleurs augmentent et le boulot diminue. « Aujourd’hui, une caisse de poisson coûte entre 15 et 16 000 FCFA. Et la caisse pèse 65 kg avant que les écailles ne soient enlevées. Quand on enlève les écailles, elle revient à 45 Kg. Nous vendons le kilogramme entre 500 à 700 FCFA (les 45 kg à 22 500 FCFA ? ndlr).Ce, pour gagner un peu. Nous travaillons presque à perte. Mais on se bat », se résigne la transformatrice, avec un léger sourire.

Ce travail lui permet de faire face à d’autres charges familiales. Elle explique : « Quand on est malade, c’est cet argent qu’on prend pour aller se faire soigner. Quand les enfants vont à l’école, on paye leur scolarité et le transport de nos bagages. Chaque jour, on prend 3 500 FCFA pour laisser la dépense à la maison. Je paie les factures d’électricité, d’eau et mes frais ».

Le GIE de Mballing fédère 28 groupements membres. Le comité directeur compte un président, soit un total de 28.  Parmi eux, il y a un autre comité composé de 9 membres.

Sur le site, le nombre d’exploitants varie selon les périodes. Le chef d’exploitation déclare : « chaque fois que la production est importante, le site est animé. On peut aller jusqu’à 800 personnes. Mais si la production est faible, le monde s’amoindrit et la population de ce site va jusqu’à 200 personnes ».

Mballing, histoire et défis

L’exploitation du site de transformation des produits halieutiques de Mballing a commencé en 2006 et il a été concédé au groupement d’intérêt économique Bokk Ligueye (GIE) la même année. Mais la signature du contrat a été faite en 2008, selon Abdoulaye Niang, chef d’exploitation du site.

A Mballing, plusieurs types d’activités s’y exercent. Les usines industrielles font du frais et d’autres font la congélation. Les semi-industrielles transforment des produits destinés aux marchés asiatiques : comme le sembium, le Yeut et le Toufa. Quant aux femmes transformatrices qui sont les plus nombreuses, elles font la transformation artisanale : braisé séché, le fermenté séché, le fumage, etc.

Pour que Mballing puisse faire la compétition sur les marchés étrangers, il lui faut relever de nombreux défis. « Pour nous, le défi c’est la modernisation de la transformation traditionnelle ». Comme les produits se font rares, Mr. Niang explique le besoin de se tourner vers l’extérieur : « il faut nous moderniser pour pouvoir exporter nos produits vers d’autres zones où le prix est plus important

 

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