Sénégal : A la rencontre du Capitaine Badou

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Dans un quartier du centre-ville de Mbour au Sénégal, Alioune Ndoye dit Badou, 77 ans, pêcheur dans l’âme, vit avec sa famille. De vieilles photos, souvenirs de sorties en mer, des dessins de pirogues, des affiches et quelques attestations de reconnaissance ornent le mur et donnent à sa chambre à coucher cette âme de pêcheur « C’est en 1956 que j’ai commencé le métier de pêcheur artisan et trois ans plus tard, j’ai été promu capitaine de la pirogue qui appartenait à mon père et à ma mère. Après plusieurs décennies d’intense activité dans ce secteur, j’ai arrêté en 2009 », confie le Capitaine Badou.

Témoin privilégié des différentes évolutions de la pêche artisanale sénégalaise, Alioune Ndoye note que le poisson se fait de plus en plus rare. « A Mbour, il fut un temps où y avait du poisson en abondance et les pêcheurs n’avaient même pas besoin de passer plusieurs heures ou des nuits en mer à le rechercher », se souvient–t-il. Ce temps n’est plus.

Pour le pêcheur à la retraite, des pratiques irresponsables de pêche y sont pour beaucoup dans la raréfaction de la ressource. « Certains filets utilisés par les pêcheurs artisans, comme le mono-filament en nylon, ne sont pas étrangers à la raréfaction du poisson. Quand les pêcheurs perdent ces filets en mer, ceux-ci envahissent les rochers qui sont, par excellence, le lieu de reproduction des poissons, et les rendent invivables pour les poissons », regrette le Capitaine Badou. Il renchérit en pointant du doigt la gouvernance du secteur. « La multitude de pirogues qu’il y a au Sénégal est plus qu’un problème pour le secteur de la pêche artisanale. Et l’Etat du Sénégal est le premier fautif, parce que, jadis, on pouvait identifier qui était pêcheur et qui ne l’était pas. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », dit-il.

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