Togo : Une unité moderne de fumage de poisson change la vie des femmes

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A Katanga petit village de pêcheurs, situé non loin du port autonome de Lomé, les jours se ressemblent tous. En cet après midi ensoleillé de mars, les hommes pour la plupart, après une partie de pêche fructueuse en haute mer, se ressemblent autour d’un verre tandis que les femmes vaquent à leurs principales activités qui est le fumage de poisson.

Dans une ruelle sableuse, entourée de part et d’autre d’habitations de fortune, qui mène à la plage, Fiatepé Ami, 48 ans active simultanément le feu sous ses deux foyers traditionnels de fumage de poisson. Sur ces derniers, elle a surexposé soigneusement plusieurs plateaux contenant du poisson frais acheté quelques heures plus tôt au port de pêche de Lomé. Dans ce bidonville, où la plupart des habitants ne vivent que de la pêche, le métier de fumeuse de poisson se transmet de mère en fille. « J’ai appris cette activité grâce à ma mère qui l’avait aussi apprise de ma grand-mère » raconte Fiatepé Ami.

Sous une fumée épaisse dégagée par les peaux de noix de coco et de bois de brousse, elle veille à ce que son poisson ne brûle pas. Pour cela, elle résiste à cette fumée étouffante et aveuglante même si cela à constamment de grave conséquences sur sa santé. « Nous tombons régulièrement malade et nous avons du mal à voir à distance », témoigne Fiatepé Ami.

« Notre métier est trop pénible. Je souffre dans la majeure partie du temps des maux des hanches », renchérit Akpene Koeugan, elle aussi fumeuse de poisson et membre de l’Union des Coopératives des Femmes Transformatrices Poissons (UCOOFETRAPO) de Katanga dont Fiatepé Ami est la secrétaire générale. Les deux femmes fument chacune au quotidien une vingtaine de bassines de poissons qui sont par la suite revendus dans les différents marchés de capitale et dans les pays comme le Bénin et le Burkina Faso. Mais pour répondre à la demande de plus en plus croissante, elles utilisent en plus des foyers traditionnels, la plateforme de fumage améliorée de poisson du village.

Une plateforme moderne de fumage de poisson

A quelques mètres de leurs habitations se trouvent un bâtiment peint en jaune. Il abrite la principale plateforme de fumage amélioré de poisson du village. D’un coût global de 9,5 millions de FCFA, sa construction a été rendue possible grâce à la détermination des femmes fumeuses de poisson et à l’appui financier de l’Etat togolais. Selon le ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche, cette plateforme permet aux bénéficiaires de moderniser et d’améliorer la qualité de travail et de fumage du poisson de mer suivant les normes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Elle comprend deux grands fours modernes et une unité de fumage. « Les deux fours en questions permettent de cuire le poisson tandis que l’unité de fumage permet de dorer le poisson », explique Fiatepé Ami. Contrairement aux foyers traditionnels, ceux-ci sont moins polluants et ne dégagent pratiquement pas de fumée. « Le nouveau foyer utilise en fait du charbon du bois. Depuis que nous avons commencé à utiliser cette plateforme de fumage amélioré, notre vie à considérablement changé. Elle nous permet de cuire d’importante quantité de poisson en un temps record », témoigne-t-elle.

Akpene Koeugan, bien plus jeune que Fiatepé Ami, se préoccupait plus pour sa santé avant l’installation de cette plateforme de fumage. Aujourd’hui elle ne compte plus utiliser les foyers de fumages traditionnels de poissons comme ses consœurs. Car elle a une santé fragile. Malgré l’installation de cette unité de fumage moderne plusieurs d’entre elles ne l’utilisent pas régulièrement. Car il ne permet pas aux huit groupements de l’UCOOFETRAPO de Katanga de fumer à n’importe quel moment leurs poissons.

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Démultiplier la plateforme

La vie n’est pas aisée pour ces femmes transformatrices de poisson. Car en plus d’exercer cette activité pénible, elles doivent subvenir aux besoins de leurs familles, plus que leurs époux étant pour la plupart au chômage. Il y a quelques années, pour répondre à la demande de leurs clientes, il leur fallait mettre plus de temps. Mais depuis quelques mois, leur calvaire a considérablement diminuer. Mais ce n’est cependant pas suffisant. Consciente de cela, ces fumeuses de poisson travail à multiplier ces modules. Depuis leur dernière assemblée générale de févier 2017, elles ont fusionné avec une autre coopérative de femmes fumeuses de poisson du village. Le but de cette fusion est de se muer dans les jours à venir en une fédération. Cette mutation leur permettra de bénéficier des prêts de l’Etat togolais ou des institutions bancaires pour mettre en place de nouvelles plateformes de fumage amélioré de poisson.

Daniel Addeh

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