RD Congo : Les pêcheurs de Goma s’unissent contre les rackets

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A 2000 km à l’Est de la ville de Kinshasa la capitale congolaise se trouve le lac Kivu entre les villes de Goma et Bukavu. Victimes de différents cas d’injustices dont la tracasserie administrative, des rackets, des vols, etc. depuis plusieurs années de la part des individus mal intentionnées tout comme des autorités locales, les pêcheurs du lac Kivu ont fait front commun pour faire valoir leurs droits. Plus d’une année après, ils se félicitent du résultat.

Il est 7h du matin à Goma, une ville frontalière avec le Rwanda dans la province du Nord Kivu. Nous prenons la direction Ouest de la ville où se trouve le port de Kituku, le plus grand port de pêche de la région. Alors qu’on se croyait très matinal, arrivée à l’entrée du port on se rend compte de notre retard. Tant le port grouillait déjà de monde.

Ici, les activités démarrent très tôt le matin aux environs de cinq heures. Des pêcheurs qui accostent et réparent leurs matériels, des marchands qui viennent acheter des produits halieutiques afin de les revendre en ville, des agents de sécurité qui veillent à l’ordre dans les lieux.

Shamavu Hamuli Ezechiel, 49 ans, est le président de l’Union des Associations des Pêcheurs du lac Kivu depuis quatre ans. Nous le rencontrons dans son bureau. Une pièce miniscule d’environ 3 m2 dans un bâtiment nouvellement par le Gouvernement avec l’aide de l’Association Internationale des Maires Francophones. Ce bureau du président des pêcheurs, visiblement bien équipé, reflète le début d’une nouvelle ère pour la pêche au lac Kivu.

Estimé à environs 200, les pêcheurs membres des associations présidées par Shamavu sont repartis en quatre groupes qui vendent leurs produits de pêche de manière alternative. Cela se fait soit chez les petits marchands qui inondent les lieux chaque matin ou chez des organisations partenaires.

Des pêcheurs en train de ramender leurs filets de pêche

Des pêcheurs en train de ramender leurs filets de pêche

S’organiser pour faire régner l’ordre

Apres accostage de chaque pirogue, une partie de l’équipe s’occupe du ramendage des filets de pêche pendant que le reste de l’équipe se charge de la vente ou de la conservation des captures, explique le président des pêcheurs. Il y a quelques mois encore, travailler dans une telle quiétude était inimaginable pour beaucoup de pêcheurs, régulièrement victimes de rackets, de surtaxassions, de vols de matériels, et même de meurtre. « Non seulement on ne gagnait pas grand-chose, mais aussi nos vies étaient régulièrement en danger. Je me suis retrouvé une fois en face de bandits armés qui m’ont tout pris. Il m’a fallu plusieurs semaines pour me remettre de cette épisode », raconte Eric Cuma un pêcheur.

Aujourd’hui, l’ordre règne et Shamavu Hamuli Ezechiel explique comment ils y sont parvenus. « Nous sommes parvenus à répertorier au moins tous les pêcheurs exerçant sur le lac Kivu du côté congolais. Cela nous permet d’identifier ensemble les différentes causes de nos malheurs dont l’insécurité et les vols de matériels. Ensemble avec mon comité nous définissons des mesures pour contourner ces difficultés. Nous déterminons par exemple les heures et les zones où doivent exercer les pêcheurs mais aussi nous organisons des patrouilles mixtes avec les marins pour sécuriser les pêcheurs », se félicite Shamavu.

Prochain défi, le manque d’hygiène

Edmond Mushizi, un pêcheur rencontré entrain d’arranger ses filets après accostage ne cache pas sa satisfaction des conditions de travail actuelles. « N’importe qui pouvait surgir au port et exiger de l’argent en se faisant passer pour un agent de sécurité. Quoiqu’étant militaire ils n’en avaient pas le droit car on sait très bien que seuls les militaires de la force navale sont autorisés de nous contrôler et percevoir des taxes ici », explique-t-il.

Du coté des autorités locales l’on se réjouit aussi du climat sain qui règne au port de pêche. « La construction de la pêcherie moderne de Kituku et l’organisation de l’association des pêcheurs nous permet de repérer facilement les contribuables afin de percevoir les taxes»,  explique François Mitima, responsable de la pêcherie moderne de Kituku.

Les difficultés qui persistent encore au port de pêche de Kituku sont entre autres celles liées à l’irrégularité de l’électricité qui met en difficultés le fonctionnement de la chambre froide mais aussi les conditions hygiéniques qui laissent à désirer. Selon Shamavu Hamuli, un comite chargé de la salubrité sera bientôt mis en place afin de faciliter la construction de toilettes supplémentaires et de veiller au respect des règles d’hygiène dans la pêcherie.

Sammy Balance Mupfuni

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